“Sur cette page détachée” : qui est l’auteur ?
La littérature est riche de nombreux poètes. Si certains sont très connus du grand public, d’autres le sont nettement moins. C’est le cas de la femme de lettres à l’origine du poème dont les dernier mots sont “Sur cette page détachée”. Qui est Cécile Sauvage, « poétesse de la maternité » ?
Plan de l'article
Quel poème se termine par “Sur cette page détachée” ?
Le poème se termine par le vers “Sur cette page détachée” est une œuvre extraite du recueil “Le Vallon” (1913) écrit par Cécile Sauvage.
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Je t’ai écrit au clair de lune
Sur la petite table ovale,
D’une écriture toute pâle,
Mots tremblés, à peine irisés
Et qui dessinent des baisers.
Car je veux pour toi des baisers
Muets comme l’ombre et légers
Et qu’il y ait le clair de lune
Et le bruit des branches penchées
Sur cette page détachée.
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Qui est la poétesse Cécile Sauvage ?
Si vous vous promenez place Napoléon à La Roche-sur-Yon (85 – Vendée – Pays de la Loire), vous pourrez apercevoir une plaque commémorative portant le nom de Cécile Sauvage. Cette poétesse n’a pas la postérité qu’elle mérite. Elle est surtout connue pour être la mère du compositeur Olivier Messiaen. Pour autant, cette femme qui disparaît à seulement 44 ans est l’une des plus auteures de lettres françaises.
Une passion de la poésie transmise par son père
Cécile Sauvage voit le jour le 20 juillet 1883 dans la ville de La Roche-sur-Yon. La petite Yonnaise ne garde toutefois que très peu de souvenirs de sa ville natale. Son père est en effet enseignant d’histoire géographie. Il est muté à plusieurs reprises. Ce fut tout d’abord à Châteauroux puis à Digne-les-Bains.
C’est donc au cœur des Alpes de Haute Provence que Cécile Sauvage passe la majeure partie de son enfance. Elle apprécie ces montagnes que l’on retrouve dans plusieurs de ses poèmes. En revanche, c’est son père qui lui transmet le goût de la poésie et son amour pour la nature.
Les trois Muses, le poème qui change son destin
En 1903, Cécile Sauvage écrit le poème intitulé Les trois Muses. Celui-ci parvient entre les mains de l’écrivain Frédéric Mistral. Celui-ci est séduit. Il encourage la jeune femme à poursuivre. Il lui transmet par la même occasion plusieurs contacts dans diverses revues, la poussant à publier son poème.
L’une d’elles, la Revue forézienne, publie effectivement Les trois Muses. Elle y rencontre le rédacteur Pierre Messiaen, son futur mari.
Cécile Sauvage, « poétesse de la maternité »
Pierre Messiaen et Cécile Sauvage se marient en 1907. En 1908, elle donne naissance à un premier garçon. Il deviendra un célèbre compositeur, organiste et pianiste. Cette grossesse est pour Cécile Sauvage un moment qu’elle vit avec beaucoup d’intensité.
La femme de lettres couche cette intensité sur le papier, donnant naissance à quelques-uns de ses poèmes les plus puissants. Ceux-ci sont regroupés dans le recueil “L’âme en bourgeon” (Mercure de France, 1910). “L’âme en bourgeon” est dédié à son premier fils, Olivier.
En 1912, elle donne naissance à un second fils, Alain Messiaen, ainsi qu’à un second recueil “Le Vallon”. C’est dans ce recueil que l’on retrouve le poème qui se termine par “Sur cette page détachée”. Alain Messiaen suivra les traces de sa mère et deviendra poète. Son riche œuvre poétique est d’une grande richesse.
Cécile Sauvage, rongée par une passion dévorante
En 1909, Pierre Messiaen est muté à Nantes. Cécile Sauvage y fait la rencontre d’un homme qui bouleverse sa vie, Jean de Gourmont. Écrivain, il est également chroniqueur au Mercure de France. Un an plus tard, c’est également le Mercure de France qui publie son recueil “L’âme en bourgeon”.
Cette rencontre professionnelle devient au fil du temps une rencontre amoureuse et adultère. Elle vit alors une passion dévorante avec Jean de Gourmont. Mais c’est également un amour impossible.
La séparation est insupportable pour Cécile Sauvage, d’autant plus que Jean de Gourmont se marie en 1920. La neurasthénie la gagne. Elle se lance à cœur perdu dans l’écriture. Elle ne s’alimente presque plus, se sort plus, ne voit personne. Elle finit par attraper la tuberculose mais refuse tous soins. Elle disparaît en 1927 dans la capitale française.